Réussir la démarche d’efficacité énergétique en Europe

La directive efficacité énergétique (DEE) est un outil central dans l’atteinte des objectifs de maîtrise de la consommation énergétique fixés par le Conseil Européen d’octobre 2014. C’est un instrument-clef du Paquet Energie-Climat 2030. Pourtant, dans sa forme actuelle, la politique européenne en matière d’efficacité énergétique peine à faire ses preuves. La consultation publique de la Commission Européenne pour la révision de la directive efficacité énergétique, clôturée ce 29 janvier, et à laquelle l’UFE a répondu, constitue une opportunité unique de rectifier le tir et de mettre en place une politique d’efficacité énergétique cohérente, qui intègre deux paramètres fondamentaux pour son pilotage et son déploiement: l’efficacité climatique et l’efficacité économique…

La directive efficacité énergétique s’avère à la fois un outil complexe et incomplet. La lourdeur administrative des procédures contractuelles pour mettre en place des actions en matière d’efficacité énergétique ne joue pas en faveur de leur développement. Mais surtout, la directive comporte deux faiblesses majeures. Tout d’abord, alors que la lutte contre le changement climatique suppose prioritairement de réduire l’intensité carbone de l’économie, à l’aval, en matière d’efficacité énergétique, aucune prise en compte du facteur CO2 n’a été intégrée aux objectifs européens. L’autre point faible est d’ordre économique : les mesures développées dans le cadre de la directive ont fait l’objet d’une mise en œuvre trop dispersée, sans aucun ciblage au regard de leur efficience économique (coût d’accès, potentiel en termes d’économies d’énergies, temps de retour sur investissement). Résultat, les politiques d’efficacité énergétique ne génèrent pas les résultats attendus mais, en revanche, coûtent très cher à déployer…

Efficacité énergétique, économique et climatique

Dans le contexte de rareté des capitaux que connaît l’Europe, l’un des moyens facile et peu coûteux est donc de cibler et de prioriser les opérations qui, au-delà de leur impact en termes d’économies d’énergie, ont un retour sur investissement rapide tout en étant les plus efficaces sur le plan climatique . Concrètement, cela signifie viser les secteurs qui présentent le potentiel le plus élevé en matière d’économies d’énergie et de réduction de la consommation des énergies les plus carbonées : le bâtiment résidentiel (rénovation, isolation, transferts d’énergie pour les logements chauffés au fioul), et le transport. Ce serait aussi-là le moyen d’assurer une cohérence entre les directives développées dans le cadre de la mise en œuvre du Paquet Energie-Climat 2030 et les objectifs de ce Paquet dont celui… d’une réduction d’au moins 40% des émissions de GES.

Promouvoir la structuration d’une filière industrielle européenne

Au-delà, un autre défi se présente : celui de la mise en place d’une véritable filière industrielle européenne pour les services d’efficacité énergétique. La structuration des filières de fabrication, de pose de matériaux ou d’installation d’équipements ainsi que de leur maintenance, est essentielle. C’est en effet un levier important pour réduire les coûts des actions d’efficacité énergétique et permettre le développement d’offres innovantes au plus près des besoins du consommateur. Cette problématique nécessite donc d’être prise en compte elle aussi dans l’élaboration des politiques publiques européennes au travers, notamment, de programmes de formation des acteurs, et d’investissements dans la R&D. L’Union Européenne a tout à y gagner, car tout en contribuant à l’optimisation du système énergétique de l’UE, l’efficacité énergétique est aussi une source d’emplois et de croissance…