Electricité : une industrie sous haute tension

Le secteur électrique est souvent abordé par les législateurs sous l’angle des prix aux consommateurs. Les moyens de production historiques, indispensables à la sécurité du système électrique, sont de plus en plus critiqués. A l’occasion de la convention annuelle d’Eurelectric à Bologne en Italie, les industriels ont souligné le danger qui menace les utilities européennes désormais : des capacités d’investissements qui se dégradent face à des besoins en infrastructures de plus en plus lourds…

Ils représentaient des pays dont les mix électriques sont très différents mais tous les intervenants l’ont souligné : la situation des utilities en Europe s’est fortement dégradée ces dernières années. En cause, des politiques énergétique et climatique mal coordonnées, amplifiées par la crise économique.

Très incisif et ne mâchant pas ses mots, s’affichant même comme étant “undiplomatic”, le nouveau président d’Eurelectric, Joannes Teyssen (l’actuel patron d’E.ON), a parfaitement résumé la situation à laquelle est aujourd’hui confronté le secteur électrique en Europe : une instabilité croissante du système face au manque de coordination et de cohérence dans le déploiement et l’intégration de nouvelles sources d’électricité ; mais aussi – alors même que l’objectif politique affiché par les Etats est d’aller vers une société plus “propre” – un effondrement du prix du carbone qui réduit quasiment à néant les incitations dans des technologies peu émettrices de gaz à effet de serre. Il également mis en cause le “caractère trop court terme” du marché de l’électricité qui ne donne pas, à long terme, les signaux nécessaires pour permettre les investissements.

Comme l’a souligné Jean-François Cirelli, les bouleversements technologiques que vit le secteur électrique s’accompagnent d’une très grande incertitude, non seulement en termes d’équilibre du système mais aussi en termes de modèle économique. Présent lui aussi, Henri Proglio a insisté sur la problématique numéro un des utilities aujourd’hui : la nécessité de procéder à des investissements massifs, à des coûts supportables, dans un contexte de crise économique loin d’être résorbée.

Bruxelles, sans doute, réalise l’ampleur des défis et tente, aujourd’hui, de cerner les solutions au travers de sa consultation sur son Livre vert pour une politique climatique et énergétique à horizon 2030. L’UFE y apportera une contribution active pour rappeler notamment la nécessité absolue de redonner un prix au CO2, de sécuriser l’approvisionnement en électricité et de permettre aux industriels du secteur électrique de réaliser les investissements indispensables dans des conditions économiquement supportables.