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27 mai 2013

DNTE : une priorité se dégage enfin, celle du CO2, mais avec quel objectif et dans quel contexte européen et mondial ?

Edito 27 mai 2013:

Comme nous l’avons évoqué dans un précédent éditorial , la question majeure de la réduction des émissions de CO2 dans la lutte contre le réchauffement climatique doit rester un objectif prioritaire et un critère de choix premier dans la sélection des actions à entreprendre en matière de transition énergétique. Ceci doit être acté par la Conférence Nationale du DNTE. Il ne peut être question de transformer l’objectif «Facteur 4» sur les émissions de GES à horizon 2050, en un objectif second, de type «facteur 2», sur la demande en énergie, de surcroît de façon globale, sans distinguer les priorités d’actions selon le critère des émissions de CO2. Cela étant réaffirmé, la question concernant le secteur énergétique peut se poser comme suit: «le Facteur 4, oui, mais lequel?»

Certaines ONG, parties prenantes du DNTE, ont en effet avancé le raisonnement suivant: puisque certains secteurs (secteur agricole, secteurs qui utilisent les énergies fossiles comme matière première…) ne peuvent atteindre le fameux Facteur 4 (pour l’agriculture, on peut, au mieux, espérer un Facteur 2), alors, c’est au secteur énergétique de surperformer et de dépasser ce Facteur 4 (vers un Facteur 5, Facteur 6…) pour permettre à la France, en moyenne, de respecter globalement ce dernier.Cela n’est pas acceptable.

Le Facteur 4 est un engagement Européen de la France. Il n’est donc pas question de le remettre en cause: l’énergie portera sa part, mais rien que sa part.

La France est en avance, pas en retard, au plan climatique

Mais, de grâce, soyons réalistes. Rappelons que la France part avec une très grande longueur d’avance, grâce à l’électricité provenant majoritairement de son parc Hydro Nucléaire. Le contenu carbone du KWh électrique est de l’ordre de 80g contre 350g pour la moyenne européenne, et 530g pour l’Allemagne (pourtant souvent citéecomme un modèle en avance sur la France: chacun appréciera!). L’économie française, dans son ensemble, émet autant de CO2 que les seuls électriciens allemands pour produire leur électricité. Par unité de PIB produite, les émissions de CO2 françaises sont deux fois moins importantes que celles de l’Allemagne. Il faudra 70 ans à la France pour émettre autant de CO2 que l’Allemagne d’ici à 2020.

Cela signifie que, par rapport aux émissions de CO2 , la France a déjà fait beaucoup et que, donc, selon la bonne vieille loi des rendements décroissants – immuable, implacable – on peut, d’ores et déjà, affirmer que l’effort marginal à faire par la France sera deux fois plus difficile (et coûteux) que celui de l’Allemagne!

Il faut alors cesser d’être naïf, voire angélique, dans un contexte de mondialisation irréversible. C’est là que nos routes se séparent clairement de celles de certaines ONG. Au delà du Facteur 4, admis par tous, qu’est-ce qui est en jeu? Ces ONG veulent changer de société, dans une France en replisur elle-même; nous voulons la réussite économique de la France, dans un contexte de mondialisation et de compétitivité! .Car trois grands paramètres sont désormais déterminants pour notre pays.

Replacer la France dans la compétition européenne et mondiale

Premièrement, le retard industriel de la France par rapport, notamment, à l’Allemagne. Le secteur industriel Allemand pèse deux fois plus dans le Pib que celui de la France. S’il y a un retard à rattraper, c’est celui-là. Pas celui, sans fondement aucun, sauf idéologique, de l’énergie. Or, l’énergie est un des facteurs compétitifs essentiels.

Deuxièmement, le contexte mondial qui sera déterminant. La France pèse, à l’heure actuelle, 1,2% des émissions mondiales. Elle émet 370 MT de CO2quandla Chine en émet 8,7 Mds de tonnes, contre 3 Mds en 2000. Les émissions chinoises progressent donc l’équivalent de 1,5 fois laFrance chaque année soit, en moyenne, 550 MT. La Chine aujourd’hui, mais aussi l’Inde, le Brésil… deviennent les ateliers du monde avec une croissance exponentielle de leurs émissions de CO2 . Cessons de nous croire en 1789. La France n’est pas en mesure de sauver le monde sur le plan climatique, hélas. L’Europe pèse plus lourd, certes, mais ne peut, seule, peser sur le cours des choses au niveau mondial. Le lead économique a, malheureusement, basculé du monde Atlantique au monde Pacifique. De surcroît, l’Europe, et la France encore plus, sont en crise. La zone Euro connaît une stagnation économique forte, un endettement important qui limitent, de manière de plus en plus drastique, ses capacités. Même au niveau de la Commission Européenne, des interrogations se font jour sur la soutenabilité économique des ambitions climatiques de l’Europe et la réalité du changement de modèle économique et écologique qu’elle est capable d’induire. Les efforts de la France et de l’Europe doivent trouver une contrepartie, une vraie, dans les négociations mondiales à venir. Sinon, dans le 1500m économique et climatique à venir, l’entraineur Europe fera courir chacun des pays de sa zone avec un handicap très fort au départ, handicap cumulatif avec d’autres: coût du travail, coût de la protection sociale… Si les autres pays (USA, Chine, Brésil…) ne font pas, en parallèle, le même effort que la France, ce dernier (en gros – 300 MT / an) sera annihilé…en 6 mois par la Chine, pour ne prendre que cet exemple.

Troisièmement, l’exigence de cohérence en Europe. Car au-delà de ces choix français, il faut également refondre les politiques européennes. Les leaders industriels du secteur le disent: les règles édictées par Bruxelles sont contradictoires; la libéralisation du marché de l’énergie en général, et de l’électricité en particulier, est un échec; la politique de soutien aux renouvelables a conduit à développer, indépendamment de toute demande, des surcapacités colossales et coûteuses; le market design du marché de l’électricité ne garantit plus ni la sécurité d’approvisionnement ni le financement des investissements; le marché ETS, sur lequel l’Europe a fondé tous ses espoirs dans sa lutte contre les émissions de CO2, est un échec, lui aussi. Sa réforme doit être la priorité N°1 de l’Europe.

Le CO2: critère prioritaire de l’Europe

L’Europe doit se focaliser et faire du CO2 l’objectif unique de sa démarche, le critère unique de ces choix. L’échec – patent – du «3×20» Européen signe, en fait, le glas d’une politique qui voulait, à la fois, imposer, au niveau de l’ensemble des pays de l’UE, des résultats (réduire les émissions de CO2), des moyens (développer les ENR) et des règles de marché ultra-libérales. Il faut revenir à un critère unique au niveau Europe et Monde: le CO2. La France, là, ici et maintenant, peut reprendre le lead avec l’Allemagne. Aura-t-elle le courage de le faire au delà de certaines de ses sirènes ONG qui la poussent à un dangereux repli sur elle-même?

Présentation de l’UFE
Présentation de l'UFE

L’Union Française de l’Électricité (UFE) est l’association professionnelle du secteur de l’électricité. Elle représente les entreprises de l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur électrique français : producteurs, gestionnaires de réseaux, fournisseurs d’électricité et de services d’efficacité énergétique, en passant par les opérateurs de stockage et des effacements, et du pilotage des consommations.

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