01 juillet 2013
Transition énergétique, levons quelques malentendus
La position des électriciens est souvent caricaturée dans le DNTE. Levons donc quelques doutes. En repartant de plusieurs principes fondamentaux largement partagés, l’UFE souhaite les remettre en perspective, à la fois sur les plans cli-matique, économique, et géopolitique, mais aussi en termes de cohérence d’ensemble de la démarche …
Ainsi, nul ne conteste l’urgence de l’enjeu climatique. Mais cette urgence est mondiale. La France ne pèse que 1% des émissions mondiales de CO2. Elle émet deux fois moins de CO2 que l’Allemagne par exemple, souvent citée comme en avance par rapport à notre pays. Le Facteur 4 en France, qui est un objectif national, consiste à économiser, d’ici à 2050, 300 MT de carbone, soit l’accroissement en 7 mois des émissions carbone de la Chine. Si la France doit donc agir, elle doit surtout se mobiliser pour obtenir l’aboutissement d’un ac-cord mondial tout en se donnant le temps de mettre en place des politiques appropriées. Il faut éviter que le zèle hexagonal aboutisse à se créer un handi-cap concurrentiel et économique supplémentaire par rapport à d’autres con-tinents qui peuvent annihiler en quelques mois un effort français de plusieurs décennies.
De même, nul ne conteste l’enjeu géopolitique et financier que constitue la dépendance au pétrole responsable de 70% du déficit commercial de la France et de 61% des émissions de carbone de notre pays. Mais la priorité n’est pas d’engager avec le même effort une lutte contre toute consommation d’énergie. Elle est de réduire notre dépendance au pétrole. Alors que le sec-teur des transports représente 42% des émissions de pétrole en France, l’essentiel des regards s’est concentré sur le bâtiment, responsable de 31% des émissions.
Nul ne conteste, non plus, la nécessité d’être plus efficace dans l’usage de l’énergie. Mais cette politique a un coût. Pour économiser 1 TWh d’énergie, on peut dépenser 1 MM€ comme en dépenser 4 MM€. Il s’agit, donc, là encore, compte tenu de la rareté du capital en France, de cibler, en priorité, les me-sures les plus efficaces, celles qui, pour les entreprises comme pour les particu-liers, ont le meilleur temps de retour sur investissement, et économisent le plus de carbone émis. De surcroît, l’idée qui consiste à laisser croire que les éco-nomies d’énergie dégageraient automatiquement du pouvoir d’achat est, en réalité, une « illusion ». Ces économies d’énergie, il faut d’abord commencer par en financer la mise en œuvre et le coût peut être disproportionné par rap-port aux économies réalisées, et conduire à détruire, ainsi, de la valeur. Quant à la sobriété énergétique, elle renvoie à un changement profond de mode de vie, voire de société. Un tel changement ne peut se décréter, et miser sur celui-ci pour réussir la transition énergétique serait imprudent, pour ne pas dire irres-ponsable.
Corréler capacité de production et demande
En matière d’énergies renouvelables, nul ne conteste la nécessité de dévelop-per l’éolien, le solaire, la biomasse et l’hydraulique qui disposent d’un potentiel de développement. Mais pas à n’importe quel prix, ni n’importe comment. La capacité de production du solaire et de l’éolien doit se faire en accompagnant la croissance de la demande d’électricité, vecteur d’une économie de plus en plus numérique et dé-carbonée. Développer les ENR en remplacement du nucléaire est une impasse sur le plan climatique, et un non-sens sur le plan économique. Sur ce dernier point, il faut mettre en place des mécanismes de soutien aux ENR qui diminuent progressivement, puis s’arrêtent lorsque ces énergies sont matures, alors qu’actuellement, le coût du soutien ne cesse de croître. Il pourrait atteindre, selon la CRE, 30€/MWh dans les années qui viennent. Il s’agit d’insérer, à terme, les ENR dans les mécanismes de marché, sans distorsion de concurrence. Et, au-delà, nous devons aussi développer les réseaux, tant au niveau européen que français, pour bénéficier des indispensables complémentarités climatiques (ensoleillement, vent) entre régions, entre Etats. Nous devons préserver et, si nécessaire, développer les moyens de production thermique dont nous avons besoin pour compenser l’intermittence des ENR, grâce à un market-design approprié. Il s’agit, enfin, de développer le stockage de l’électricité de manière massive.
Mais faire tout ceci, dans l’urgence, n’a pas de sens en France compte tenu de son avance sur le plan climatique. Créer des filières industrielles françaises ou européennes est une priorité qui doit précéder le développement de nou-veaux outils de production, comme cela a été illustré par les appels d’offres sur l’éolien Offshore. Sinon, l’effet Keynésien profite à la Chine, tel que l’a rappelé dernièrement le débat sur l’importation de panneaux solaires. Ajoutons un point de réalisme : la création de champions au niveau européen ne passera pas par des décisions étatiques. L’Allemagne n’est pas sur cette logique. Créer un EADS de l’énergie, un Airbus de l’éolien, un Eurocopter du solaire, ne peut venir que d’une alliance entre industriels.
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L’Union Française de l’Électricité (UFE) est l’association professionnelle du secteur de l’électricité. Elle représente les entreprises de l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur électrique français : producteurs, gestionnaires de réseaux, fournisseurs d’électricité et de services d’efficacité énergétique, en passant par les opérateurs de stockage et des effacements, et du pilotage des consommations.
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