21 octobre 2014
PLTE : quelques avancées et pas mal d’interrogations
La Ministre Ségolène Royal, qui a indéniablement le sens de la formule, l’a déclaré sans ambages aux députés, mardi dernier, « Tout citoyen a deux patries, la sienne et la planète. En votant cette loi vous servez l’une et l’autre ». Qui oserait s’inscrire en faux ? Mais la question n’est pas tant d’avoir deux patries à servir ; la vraie question est surtout de faire en sorte que la France puisse réellement tirer parti de ses atouts en matière de transition énergétique, avec un vrai projet climatique, industriel et économique soutenable face à la concurrence mondiale féroce qui se joue aussi sur tous ces plans…
Après une semaine de débats marathon, le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte a été adopté par l’Assemblée nationale le 14 octobre 2014, en première lecture, par 314 voix pour et 219 voix contre.
Cette première étape aura, à nouveau, été le théâtre d’échanges passionnels entre les tenants d’un nouvel ordre écologique pour le pays et les partisans d’une approche tout aussi concernée par les enjeux environnementaux mais plus mesurée dans la mise en œuvre.
L’ennui dans ce genre de postures clivantes et stériles, c’est que cela ne sert jamais les intérêts suprêmes du pays ; à partir d’un projet louable et qui se veut d’envergure, on débouche sur un texte qui s’englue dans les détails. A nier les atouts pourtant incontestables de la France en matière de faibles émissions de carbone, à vouloir faire de la France une référence absolue en termes d’engagements climatiques contraignants – notamment en vue de la COP21 – comme si elle avait du retard à rattraper, on fait croire que notre salut ne réside que dans un changement radical, comme si le premier jour de la transition énergétique aller démarrer…avec ce projet de loi !
La compétitivité, priorité de la transition
Or, rien n’est plus faux : s’il est certain que la transition énergétique peut représenter pour notre industrie, pour notre économie même, une opportunité, cela doit être conditionné à une approche qui ne vise qu’à préserver notre compétitivité. Car, sans elle, rien n’aboutira. Ce n’est pas être anti-écologique que de le souligner, c’est juste être réaliste : sans argent, sans filières industrielles hexagonales fortes, capables d’investir dans des technologies toujours plus « vertes », nous ne réussirons pas ce projet commun. Et c’est bien là ce qui devrait nous rassembler tous : si la transition énergétique, au lieu d’être un combat politisé, avait été, dès le départ, un projet de société, les vrais enjeux seraient ressortis comme autant d’évidences, qu’on s’affiche de gauche ou de droite. Certes, à l’ère de la communication 2.0, des formules qui « tuent », les derniers mois auront eu leur lot de déclarations fracassantes autour du « projet phare du quinquennat ». Pourtant, l’UFE le dit et le redit : l’énergie, en particulier l’électricité, s’est toujours conjuguée avec l’écologie, n’en déplaise aux « ultras » qui font de la menace nucléaire mais aussi de l’ère industrielle les épouvantails qui mèneront notre société à la destruction générale. Cette façon d’agiter les peurs irrationnelles est indéniablement habile puisqu’elle réussit à convaincre nos gouvernants qui, en oubliant leur rôle de modérateur, ont surenchéri dans la promesse d’un monde meilleur, regorgeant d’emplois verts. Sans jouer les esprits chagrins, il n’y a cependant plus qu’à croiser les doigts car, en l’état du projet de loi, à la question fondamentale « comment va-t-on financer la transition ? », force est de constater qu’il n’y a aucune réponse.
« Monnaie fait tout »
En France, c’est bien connu, on n’aime pas parler d’argent, ni dire le prix des choses. Mais ces pudeurs-là sont valables…quand on est riche. Quand il faut compter chaque sou, et c’est hélas le cas de notre pays aujourd’hui, mieux vaut dire simplement les choses, sans faire croire aux potions magiques à grands coups de chiffres mirobolants. La transition énergétique devrait, nous dit-on, créer plus de 100 000 emplois d’ici à 3 ans dans le secteur de la transition énergétique. A l’heure où le taux de chômage dépasse les 10%, la prudence devrait inciter le gouvernement à plus de réserve. Car, en réalité, nul ne sait à ce stade : il y aura bien créations d’emplois, mais combien d’entre eux seront vraiment pérennes et qu’en est-il de ceux qui vont péricliter dans des filières aujourd’hui dites d’excellence en France comme à l’international ? C’est le solde entre les deux qui reste l’inconnue dont personne ne maîtrise aujourd’hui l’amplitude.
Et, au final, ça fait combien ?
En attendant, ce qui est certain, c’est que, sur les quelques mesures phares du projet de loi, un chiffrage économique serait plus qu’utile et pertinent. Ainsi qu’en est-il de l’impact économique de l’objectif facteur 2 sur la consommation, de celui de la réduction de la part du nucléaire à 50% en 2025, du financement de la rénovation des bâtiments pour atteindre une performance de type BBC d’ici 2050, de celui pour atteindre l’objectif de rénovation, avant 2030, des logements privés résidentiels dont la consommation est aujourd’hui supérieure à 330kWh/m2/an, ou bien encore du coût de mise en place d’un afficheur déporté pour les clients précaires ou de celui de la généralisation du chèque énergie et de la répartition de la charge entre CSPE, CTSS et budget de l’Etat ? Bref, des questions fondamentales qui conditionneront pour beaucoup l’effectivité de la transition. D’ores et déjà, l’UFE travaille à ce chiffrage essentiel comme contribution active à la seconde étape du projet de loi devant le Sénat et, plus tard, à la mise en œuvre rationnelle de la transition.
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