17 février 2014
L’énergie, clé de la confrontation Europe – Etats-Unis
Complètement absente au profit de l’enjeu climatique, la compétitivité devient un des thèmes majeurs des politiques européennes : la commission parle désormais d’un impératif de renaissance industrielle pour l’Europe. L’écart de compétitivité de l’Europe ne se mesure plus seulement par rapport à la Chine, l’Inde, le Brésil. Il concerne également l’écart croissant entre l’Union Européenne et les Etats-Unis d’Amérique, un pays aussi mature que l’Europe ! Mais alors que la compétitivité peut être appréciée de bien des façons, les réflexions se focalisent maintenant sur un axe essentiel : l’énergie…
Une conjonction de facteurs explique en réalité pourquoi les esprits se concentrent désormais sur le secteur énergétique. Tout d’abord, la révolution énergétique créée aux E-U par les gaz de schistes (mais aussi par le pétrole de schiste, curieusement oublié dans les commentaires politiques), dote l’industrie américaine d’un gaz trois fois moins cher qu’en Europe. Ensuite, les prix de l’électricité sont en moyenne deux fois plus élevés dans l’UE qu’aux E-U, compte tenu notamment du poids économique de plus en plus lourd, pour les consommateurs ou les finances publiques, des subventions aux renouvelables. Enfin et surtout, le fait que l’UE néglige l’impact de son énorme facture d’énergie importée (plus de 500 Mds€), comme l’a fait remarquer récemment le Chief Economist de l’IEA. Les Etats-Unis redeviennent exportateurs nets d’énergie, alors que l’Europe importe massivement de l’énergie fossile…
Une situation préoccupante
L’industrie européenne se trouve confrontée dès lors, à un désavantage majeur en terme de coûts, ce désavantage ne concernant pas seulement les industries énergie-intensives (chimie, métallurgie, aluminium…), mais également toute la chaine logistique qui les appuie.
L’IEA en conclut d’ailleurs que si rien n’est fait, l’UE risque de perdre le tiers de ses parts de marché à l’export dans les vingt années à venir, dans les secteurs relevant des entreprises énergie-intensives. C’est ce qui a amené récemment le Ministre de l’Energie allemand, Sigmar Gabriel, à agiter le spectre d’une « dramatique désindustrialisation » de l’Allemagne, dont le PNB dépend à 50 % des exportations. L’IDDRI, officine écologique, a beau minimiser l’impact de cette révolution : les faits sont là, têtus : les transitions énergétiques font fausses routes et plombent l’économie européenne.
Ne pas rater la renaissance industrielle de l’UE
Si les engagements climatiques sont nécessaires, il faut néanmoins les concilier avec une réalité économique qui réduit désormais, structurellement, les marges de manœuvre et milite donc pour une plus grande cohérence et rationalité dans les choix à opérer. L’Europe vit, en effet, aujourd’hui, un déclin industriel extrêmement préoccupant pour l’avenir de ses populations. Dans le domaine de l’énergie, certaines voies pourraient permettre une renaissance industrielle de l’Europe, pour peu qu’aucun choix ne soit prédéfini de façon arbitraire. Cette Renaissance Industrielle appelée récemment de ses vœux par la commission Européenne, doit désormais trouver sa traduction dans les politiques européennes, comme le propose dans ces dernières communications la Commission.
Ainsi, si une stratégie bas carbone structurée était mise en œuvre, elle pourrait notamment être articulée autour d’un développement des ENR compétitive, sans subvention, en cohérence avec l’évolution de la demande et l’essor raisonné des ENR non électriques. Une action sur la structure de la demande d ‘énergie devrait avoir pour ambition de réduire massivement la dépendance de l’Europe au pétrole. De même, un renforcement des actions d’efficacité énergétique serait à entreprendre en les axant, en priorité, sur la consommation d’énergie carbonée, à commencer par le pétrole. L’ouverture de l’exploitation des ressources en gaz de schistes de l’Europe est indispensable. Une renégociation des contrats d’approvisionnements à long terme de gaz (les 2/3 des contrats actuels expirant dans les 10 ans) serait aussi à mener. Enfin, ne fermer aucune option et reconnaître par là le rôle du nucléaire comme source énergétique indépendante et décarbonnée, ou bien encore revisiter l’enjeu du gaz de schiste en travaillant à de nouvelles méthodes d’extraction, sont autant de pistes sérieuses à explorer pour consolider l’avenir économique, industriel et social de l’Europe.
Dans la manière d’aborder et de traiter le dossier énergétique, l’Europe joue son avenir industriel, donc son avenir tout court. Il est temps qu’elle sorte du leurre de la troisième révolution industrielle de J.Rifkin, rejeté massivement aux USA, thèse qui plombe un peu plus chaque jour l’Europe Industrielle. Ce sera un enjeu majeur des élections européennes et de la feuille de route que les états membres devront assigner à la prochaine commission européenne, qui n’est, somme toute, qu’un exécutif de la volonté des états membres.
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