10 avril 2013
Le monde « rêvé » de Negawatt…et ses dangers
Edito: 8 avril 2013
Dans le cadre de l’actuel débat national sur la transition énergétique, une organisation est particulièrement active: Négawatt. Celle-ci sert l’expression énergétique d’une vision nouvelle de la société civile, vision portée par l’association Global Chance. Si les deux organisations sont intrinsèquement liées, la cohérence entre leurs objectifs respectifs est loin d’être évidente et ceux poursuivis par Negawatt soulèvent de sérieuses interrogations ….
Global Chance a pour finalité de promouvoir les chances d’obtenir, à terme, un développement mondial équilibré. Pour cela, il s’agitde mettre en place une solidarité Nord-Sud, et, dans ce cadre, de protéger l’environnement, en particulier en limitant les émissions des GES, puis en les diminuant radicalement à l’horizon 2050. L’objectif final étant de réaliser de profondes mutations dans les modes de vie urbains, dans la façon d’envisager les transports, avec une réduction drastique de l’agriculture intensive et du rôle de l’industrie dans nos sociétés, la société de consommation elle-même devant, en final, céder la place à une société non matérialiste à l’impact très limité sur les richesses naturelles de la planète.
De Global Chance à Négawatt
C’est là que les problèmes pratiques commencent. En effet, de tels messages sont difficilement audibles pour le corps social, que ce soit politiquement ou concrètement. D’où, stratégiquement, l’apparition de Négawatt, en partant de l’idée qu’être vertueux dans le domaine de l’énergie (sobriété, diminution de la pollution, réduction de la facture) est beaucoup plus compréhensible et acceptable pour la population. Mais alors, pourquoi Néga…Watt? Comme chacun le sait, le watt est une unité de mesure liée au secteur électrique. Or, le secteur électrique représente en France moins du quart de la consommation d’énergie totale. De surcroît, ce secteur, contrairement à la plupart des autres pays, a une trace environnementale très faible (émissions de CO2 inférieures de 6 à 7 fois celles du secteur électrique allemand). L’électricité serait donc presque un non-sujet, si Global Chance/Négawatt ne poursuivaient, en réalité, un autre objectif: en finir avec l’industrie électrique nucléaire française. La priorité de ces organisations n’est donc pas l’énergie mais le nucléaire, l’électricité constituant un dommage collatéral, d’où le…Watt!
De la société idéalisée au dogme énergétique
L’anecdote n’est pas si anodine que cela car c’est sur ces bases-là qu’a été bâti le scénario que vient de présenter Negawatt dans le cadre du DNTE. L’ennui, c’est qu’à travers lui, Négawatt se veut l’instigateur d’un monde vertueux, face aux autres acteurs – dont les énergéticiens – forcément présentés comme défenseurs de technologies du passé. Or, sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables sont des objectifs que beaucoup d’autres parties prenantes partagent (et pas seulement les ONG!). Mais là où les approches divergent, et c’est le cas de la part de l’UFE, c’est qu’aucune projection de ce type ne peut être décorrélée de sa dimension économique. Et c’est tout le problème du scénario Négawatt. L’hypothèse sous-jacente de Négawatt repose sur un PIB constant, c’est-à-dire décroissant par habitant puisque la démographie, elle, augmente. En outre, l’évolution du PIB, dans sa composante ré-industrialisation notamment,est un facteur explicatif important de l’évolution de la consommation d’énergie et d’électricité. Rien n’est dit sur les montants d’investissements dans le secteur énergétique, et subsidiairement, électrique. Ils s’avèrent pourtant indispensables et tout particulièrement dans le scénario Négawatt sur la période 2013-2050! Rien non plus sur les modes de financement (qui paye?), élément central de toute évolution de système. Aucune analyse concernant l’impact du scénario sur le prix du MWh d’électricité, ni sur la compétitivité des entreprises. Bref, on est face à des annonces caractéristiques d’une approche irrationnelle du sujet, tant sur le plan économique que technologique. Les choix énergétiques ne peuvent être faits qu’à partir d’un consensus sur la vision de la société future. A partir de là, évaluer la nature et la quantité d’énergie nécessaire au fonctionnement de ce consensus, puis choisir les instruments de production au regard de critères climatiques, économiques, financiers et sociaux sont les étapes cohérentes de toute évolution dans ce domaine. L’occulter, c’est mettre toute la société en danger.
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L’Union Française de l’Électricité (UFE) est l’association professionnelle du secteur de l’électricité. Elle représente les entreprises de l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur électrique français : producteurs, gestionnaires de réseaux, fournisseurs d’électricité et de services d’efficacité énergétique, en passant par les opérateurs de stockage et des effacements, et du pilotage des consommations.
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