21 octobre 2018
Inquiétant été indien…
Le GIEC vient de publier d’importantes données chiffrées* sur l’évolution du climat. Les activités humaines ont d’ores et déjà conduit à une élévation inquiétante de la température moyenne du globe. Sans une réduction importante de nos émissions, cette hausse devrait atteindre le seuil symbolique de 1,5°C bien avant 30 ans. Une progression qui conduira à de nouvelles pluies encore plus torrentielles ainsi que des sécheresses et des températures extrêmes dans beaucoup de régions du monde. Pour autant, ce n’est pas une voie sans issue si nous unissons nos efforts, car les solutions sont connues pour lutter contre le changement climatique…
Au-delà de son constat alarmant, le GIEC propose des scénarios énergétiques mondiaux qui permettraient une limitation de la hausse de la température à 1,5 voire 2 °C. L’objectif est clair : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici 2030, soit une baisse de 7% par an si le monde entier initie la diminution de ses émissions dès maintenant. Cette réduction devra être prolongée pour ensuite atteindre le Zéro Emissions Nettes en 2050, sans quoi les équilibres actuels du climat mondial ne pourront pas être maintenus. Les scénarios énergétiques permettant d’atteindre la cible climatique sont simples : accentuer l’efficacité énergétique dans tous les secteurs, et augmenter la part des énergies décarbonées dans la consommation résiduelle d’énergie finale.
Quid de la France ?
Pour l’IDDRI, qui vient de procéder à une évaluation de la stratégie nationale bas carbone, le bilan français n’est pas satisfaisant. Alors que nous devions baisser nos émissions de CO2, les écarts à la cible d’émissions sont importants. Les deux secteurs très émetteurs que sont le transport et le bâtiment peinent à redresser la barre : +6% en 2016 et +10% en 2017 dans le transport, tandis que les dépassements des objectifs climatiques sont de 11% en 2016 et 22% en 2017 pour le bâtiment.
Un changement progressif, profond et structurel doit être mené
Le GIEC et l’IDDRI rappellent que ces réformes doivent surtout être profondes, cohérentes et maintenues dans la durée. Or, trop d’instabilité réglementaire subsiste. Les politiques d’ajustements successifs à la marge n’ont pas permis le développement de véritables filières industrielles vertueuses sur le plan climatique. Pourtant, qu’il s’agisse du domaine des services énergétiques ou de celui de l’électricité renouvelable ou décarbonée, la France dispose de leaders mondiaux. Le gouvernement travaille actuellement sur plusieurs dossiers qui lui donnent l’occasion de fixer un cap résolu et prometteur. Alors que les Français se mobilisent de plus en plus en faveur du climat, il doit donc saisir ces opportunités.
Un moment clé pour prendre un vrai leadership climatique
A court terme, le gouvernement est engagé dans l’examen du projet de loi de finances 2019. La fiscalité en faveur du climat doit être solide et, en particulier, sa composante climat maintenue au moins au niveau des objectifs affichés au début du quinquennat, et avec le moins d’exceptions possibles accordées sous forme de « niches fiscales ». Seule une trajectoire incitative, crédible et prévisible est à même de déclencher les investissements nécessaires pour une transition vers une société bas carbone. Bien évidemment, le coût du carbone peut impliquer une charge trop importante pour certains. Tout en maintenant l’objectif, le gouvernement peut accompagner les personnes, les entreprises et les territoires dans leur évolution vers des technologies de substitution dont l’efficacité énergétique et climatique est reconnue.
A moyen terme, les travaux sur la stratégie nationale bas carbone mais aussi la programmation pluriannuelle de l’énergie doivent refléter l’orientation profonde de la société française et son leadership en faveur du climat. Ainsi, sans céder à des positions trop radicales intenables industriellement et socialement, le cap vers la neutralité carbone en 2050 est impératif pour remplir nos obligations en termes de lutte contre le changement climatique. Les actions sont à engager tant dans la consommation d’énergie que sur le volet industriel. Dans tous les domaines de la consommation d’énergie, le gouvernement doit orienter son action vers plus d’efficacité énergétique au service du climat. Dans le secteur du transport, la décarbonation des moyens de mobilité doit être privilégiée. Les usages doivent évoluer aussi, avec en particulier le développement à poursuivre des transports en commun. Les alternatives bas carbones telles que la voiture électrique, voire hybride rechargeable, doivent également être promues. Dans le secteur du bâtiment, la rénovation énergétique doit aussi intégrer la dimension « efficacité climatique » en s’appuyant sur des leviers financiers ciblés et des technologies à haute performance environnementale comme par exemple la pompe à chaleur. Parallèlement, un recentrage des dispositifs d’aide doit être opéré afin que le critère « climatique » devienne la règle pour l’attribution d’un soutien économique.
La PPE qui va, à la fin du mois, définir une trajectoire d’investissements dans les moyens de production énergétique pour le pays, doit être cohérente avec les objectifs de décarbonation et ambitieuse pour toutes les énergies décarbonées, qu’elles soient électriques ou non. En particulier, alors que l’électricité renouvelable est peu ou prou sur sa trajectoire de développement, les énergies renouvelables thermiques sont en retard et l’augmentation du fond chaleur, régulièrement évoquée, doit être confirmée. La chaleur renouvelable est un levier discret mais important pour la décarbonation du bâtiment. Dans le domaine des EnR électriques le travail de mise en cohérence des politiques environnementale et énergétique doit être poursuivi pour toutes les filières, avec encore d’importantes marges de progrès en termes de simplifications administratives.
Le gouvernement et les acteurs économiques sont au pied du mur climatique. Face à une mobilisation croissante de la société civile et de la communauté scientifique en faveur du climat, nous devons engager les réformes structurelles permettant de lutter efficacement contre le réchauffement climatique, au meilleur coût pour l’économie, et en tirant toutes les opportunités d’innovation que cette transition structurelle ouvre pour l’Europe et pour notre pays.
*Plus de 6000 publications scientifiques ont été passées en revue
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