17 juin 2013
Electricité : la maîtrise de la puissance menacée
Aujourd’hui, il n’y a pas que le parc de production électrique qui est en pleine mutation. Le système de tarification est appelé à évoluer lui aussi. L’un comme l’autre peuvent impacter fortement la gestion et le dimensionnement du système électrique si la puissance n’est pas remise au cœur de la démarche…
Comment fonctionnent les tarifs aujourd’hui ?
Depuis l’origine, la tarification de l’électricité assure une bonne gestion de la puissance : le prix de l’abonnement pour le tarif Bleu augmente proportionnellement à la puissance souscrite par le consommateur. Il refléte ainsi les frais fixes (des centrales, des barrages,…) qu’il faut engager pour que le client puisse disposer effectivement de la puissance qu’il a souscrite, pour laquelle il a payé son abonnement, et à laquelle il a donc droit. Pour les tarifs Verts et Jaunes, le consommateur souscrit la puissance maximum qu’il peut appeler. S’il la dépasse (le comptage permet de le mesurer), il est assez fortement pénalisé. Il peut également souscrire une option dite d’effacement. Celle-ci lui permet alors de payer moins cher sa puissance souscrite moyennant un engagement de diminuer ses appels de puissance en période dite de pointe, lorsque l’ensemble des moyens de production sont mobilisés pour faire face à une forte demande de puissance par l’ensemble des consommateurs (période de tension). Le symbole tarifaire de ce système s’appelle EJP, Effacement Jour de Pointe.
Des évolutions qui peuvent compromettre une bonne gestion de la puissance
Aujourd’hui, deux risques pèsent sur la gestion de la puissance. Tout d’abord, la demande de certains de supprimer l’abonnement au motif que celui-ci rend le prix du KWh payé par le consommateur dégressif. Ce raisonnement méconnaît, en réalité, la gestion et le dimensionnement d’un système électrique. En effet, le prix de la puissance payée par le consommateur reflète, d’abord et avant tout, les décisions de ce dernier en matière d’équipements électriques : un ou deux réfrigérateurs, une ou plusieurs télévisions, de multiples ordinateurs, des consoles de jeux, etc… Car, de fait, le dimensionnement du système électrique (production autant que réseaux) dépend, essentiellement, des équipements que nous décidons d’acheter, de leur puissance. En ce sens, d’ailleurs, le déploiement du système de comptage dit « intelligent », de type LINKY, devrait permettre une facturation plus fine de la puissance appelée par les consommateurs domestiques.
Par ailleurs, la suppression des tarifs Verts et Jaunes, qui a pour vocation de favoriser la concurrence en France, peut aussi présenter un risque pour la gestion et le dimensionnement du système électrique. Plus de 300 000 entreprises encore au Tarif Réglementé de Vente vont devoir souscrire des « offres libres » issues du marché. Le tarif EJP va disparaître de même que les incitations à une bonne gestion de la puissance au niveau des usines (les tarifs aujourd’hui étant gérés au niveau des sites de production) puisque la plupart des offres libres se font sur la base d’un prix du MWh unique, au niveau global des entreprises via leurs services achat. Ce sont environ 3 GW de puissance qui sont ainsi concernés (soit l’équivalent de 8 Turbines à Combustion).
Compléter l’organisation du marché intérieur européen de l’électricité.
On touche ici à un défaut majeur de la construction même du marché européen de l’électricité dans lequel la France est intégrée. En théorie, le signal prix du marché devrait refléter l’ensemble « énergie et puissance ». En pratique, il n’en est rien. Les dysfonctionnements actuels de la construction européenne mettent en cause non seulement une gestion efficace de la puissance mais, surtout, la sécurité d’approvisionnement à long terme. Les usines de production électrique, quel qu’elles soient, doivent toujours être construites pour faire face à la puissance maximale qui peut être appelée par les consommateurs. Lorsqu’on sait qu’aujourd’hui il ne se construit plus de Cycles Combinés Gaz en Europe, que certains ferment parce que leurs coûts fixes ne sont plus couverts (alors que, jusque là, ils l’étaient, en France, justement, par le prix de la puissance facturée), on ne peut que s’alarmer pour l’équilibre général du système électrique Désormais, la question centrale, au niveau de l’Europe, est donc bien celle de l’organisation d’un marché de la puissance et de la capacité de production.
L'observatoire de l’industrie électrique en parle
observatoire-electrique.frPrésentation de l'UFE
L’Union Française de l’Électricité (UFE) est l’association professionnelle du secteur de l’électricité. Elle représente les entreprises de l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur électrique français : producteurs, gestionnaires de réseaux, fournisseurs d’électricité et de services d’efficacité énergétique, en passant par les opérateurs de stockage et des effacements, et du pilotage des consommations.
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