10 novembre 2020
Appels d’offres technologiquement spécifiques : permettre à chaque technologie renouvelable d’apporter sa pierre à l’édifice de la transition énergétique
L’UFE rappelle dans une position publiée aujourd’hui que les appels d’offres organisés technologie par technologie constituent l’outil le plus adapté pour réussir la transition énergétique au moindre coût et atteindre les objectifs en matière de développement des énergies renouvelables que la France s’est fixée au travers de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) à l’horizon 2028.
Les appels d’offres technologiquement neutres : une fausse bonne idée
La généralisation d’appels d’offres technologiquement neutres pourrait théoriquement être une solution permettant de réduire le coût du soutien public aux énergies renouvelables et ainsi accélérer leur développement. L’objectif serait de faire entrer en compétition différentes technologies renouvelables (notamment le solaire ou l’éolien) au sein d’appels d’offres qui désigneraient comme lauréats les projets demandant le plus faible soutien public. Pourtant, deux principales raisons invalident ce raisonnement : d’une part, la nécessité de foisonner les différentes sources de production renouvelables pour aboutir à un système électrique cohérent et, d’autre part, l’iniquité de la compétition ainsi créée.
En effet, l’arbitre de cette compétition entre énergies renouvelables serait le seul coût moyen pondéré de l’électricité, plus communément appelé Levelised Cost Of Electricity (LCOE). La pilotabilité du moyen de production, sa saisonnalité ou encore sa variabilité constituent en effet autant d’éléments non reflétés par le LCOE et qui ne seraient donc pas pris en compte par ces appels d’offres. Si le critère du coût doit naturellement être pris en compte dans les sélections de projets, il ne doit pas être le seul, au risque de générer des désoptimisations massives pour le système électrique. Ainsi, si la logique d’appels d’offres technologiquement neutre était appliquée, seuls des projets solaires au sol – technologie présentant à l’heure actuelle le LCOE le plus bas – seraient retenus. L’installation massive de ces seules technologies ne permettrait pas de bénéficier de la complémentarité des profils de production des autres technologies renouvelables et rendrait dès lors plus complexe la gestion du réseau. Cela impliquerait en outre nécessairement un déploiement plus coûteux de solutions de flexibilités, notamment de stockage, utilisées lors de faibles périodes d’ensoleillement alors que d’autres moyens de production renouvelable comme les éoliennes pourraient prendre le relais.
Du reste, le coût futur de développement de filières autres que celle qui serait soutenue dans le cadre d’appels d’offres technologiquement neutres – rendu nécessaire par la nécessité d’organiser le foisonnement des EnR pour équilibrer le système électrique – serait bien plus important que celui d’un développement progressif et parallèle soutenu par des appels d’offres réguliers.
Par ailleurs, la compétition qui serait ainsi créée entre filières renouvelables ne serait pas équitable puisque les différences de coûts qu’elles peuvent présenter sont en partie imputables aux différences de cadre fiscal et règlementaire qui leur est applicable. On peut par exemple noter qu’en France, l’Imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) voit son montant fixé filière par filière.
Des appels d’offres technologiquement spécifiques demeurent nécessaires pour réussir la transition énergétique
Les baisses de coûts des différentes énergies renouvelables auxquelles on a pu progressivement assister en Europe ont été notamment obtenues grâce à des mécanismes de soutien déclinés par filière. Ces tarifs ou compléments de rémunération ont ainsi permis très récemment d’avoir en France des lauréats aux appels d’offres solaires et éolien présentant un tarif moyen inférieur à 60 €/MWh. L’accompagnement et la visibilité offerts aux filières industrielles permettent de réduire progressivement leur coût notamment grâce aux économies d’échelles réalisées, tout en soutenant des moyens de production aux profils de production complémentaires.
Les appels d’offres organisés technologie par technologie offrent donc dans ce cadre la possibilité aux pouvoirs publics de piloter de manière fine le développement des différentes énergies renouvelables en lien avec les plans énergie-climat que chaque Etat membre doit réaliser en application du Clean Energy Package. Un tel pilotage constitue la garantie d’un développement cohérent des énergies renouvelables fondé sur les besoins réels du système électrique.
L’UFE est donc favorable à ce que la prochaine révision des aides d’états applicables au secteur de l’énergie maintienne la possibilité actuellement laissée aux Etats membres de réaliser des appels d’offres spécifiques à chaque technologie de production. Au niveau français, elle considère également que les appels d’offres technologiquement réalisés par filière devraient représenter a minima 90% des capacités de production d’énergie renouvelable à allouer.
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