09 mars 2015
PPE : attention à bien engager la stratégie bas-carbone !
Ce matin a débuté la première réunion du comité de suivi de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Une mission essentielle assignée par les parlementaires au gouvernement. Pour autant, l’UFE qui s’inquiétait de la tournure dans laquelle pouvait s’engager la concertation, a tenu à faire part de ses craintes à la Ministre Ségolène Royal. Le fil directeur de cette PPE doit, en effet, être la mise en œuvre d’une stratégie bas-carbone pour toutes les énergies, sans se focaliser, de nouveau, sur l’électricité qui ne représente que 24% de la consommation finale d’énergie et 11% des émissions de gaz à effet de serre…
Telle qu’elle était annoncée, l’organisation a d’abord donné le sentiment de retomber dans les mêmes ornières qu’au temps du DNTE. A nouveau, on privilégiait une approche cloisonnée par énergie, en se centrant beaucoup trop sur l’électricité qui n’est pas, et de loin, la plus concernée puisqu’elle n’est que la 3ème source d’énergie consommée en France et celle qui émet le moins de CO2. C’est pourquoi l’UFE a immédiatement fait part de ses craintes à la Ministre Ségolène Royal soulignant que si une telle organisation était ainsi maintenue, ce serait, indéniablement, au détriment d’une véritable approche d’ensemble, une approche réellement structurée autour d’une stratégie bas-carbone ambitieuse qui donne au pays les moyens véritables pour mener à bien sa transition énergétique. Car l’UFE a toujours soutenu et accompagné le principe de cette refonte de la gouvernance énergétique pour autant qu’elle se fasse, précisément, autour d’une articulation étroite entre stratégie bas-carbone et programmation pluriannuelle entre toutes les énergies.
Ce matin, il semblerait donc que la demande de l’UFE ait été entendue puisque la PPE sera bien toutes énergies et que moins de la moitié de ses ateliers concernera l’électricité en tant que telle.
Un peu plus de transparence, s’il vous plait !
Très concrètement, comment cela va-t-il se passer ? En fait, les scénarios prospectifs sur l’évolution des émissions de CO2 du pays vont être discutés au sein du Comité d’Information et d’Orientation mis en place par le Grenelle 1. Ce Comité aurait pour mission d’élaborer le scénario qui servira de référence aux discussions de la PPE. Pourtant, ni les énergéticiens, ni l’UFE n’ont été invités à participer au Comité ! Une absence de transparence dans la démarche qui ne va pas vraiment dans le sens d’une amélioration de la concertation telle que souhaitée par le Gouvernement…
Or, il est indispensable que ce scénario puisse être challengé en introduction des travaux de la PPE. Pourquoi ? Parce que c’est à travers une approche globale de la consommation énergétique qu’il est possible d’identifier à la fois les leviers de réduction des consommations d’énergies les plus carbonées comme le pétrole (qui représente 60% des émissions de GES), et les potentiels de transferts d’usages vers des énergies moins carbonées comme l’électricité, le gaz ou les énergies renouvelables thermiques. L’UFE, qui a réalisé des scénarios prospectifs d’évolution des consommations de l’ensemble des énergies à horizon 2030, pourrait ainsi utilement contribuer, de façon constructive, aux échanges au sein du Comité. Ses projections montrent en effet comment atteindre les objectifs bas-carbone sans pour autant risquer des coûts échoués, une dégradation de compétitivité ou des pics d’émissions de CO2 pour cause de trajectoire mal définie.
N’oublions pas l’Europe !
Au-delà, à l’heure du renforcement de la coordination européenne sur les dossiers énergétiques par la mise en place d’une « Union de l’énergie » souhaitée par le Président de la République, la PPE ne semble toujours pas s’inscrire dans une dimension européenne forte. Il est pourtant indispensable de prendre en compte les capacités d’échanges entre pays, d’évaluer les impacts des évolutions des mix énergétiques de nos voisins sur nos propres trajectoires d’investissements. Là encore, l’UFE pourrait utilement apporter une contribution active à l’intégration de cette dimension européenne puisqu’elle est, depuis déjà longtemps, au cœur des dossiers climat/énergie de l’UE et mène avec ses partenaires allemands une étude approfondie sur la sécurité d’approvisionnement énergétique.
La transition énergétique est un enjeu majeur pour notre pays tout comme pour la planète puisqu’elle vise avant tout à lutter contre les dérèglements climatiques. C’est aussi un véritable défi économique, technologique, énergétique, industriel, social. Pour le relever, gardons-nous de tout dogmatisme et mettons en commun ce que chaque partie prenante peut apporter de bénéfique dans une réflexion d’ensemble.
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