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01 avril 2008

“Nous avons vécu trop longtemps dans l’idée que nous étions en surabondance d’électricité”

edito: avril 2008

Robert Durdilly: “Nous avons vécu trop longtemps dans l’idée que nous étions en surabondance d’électricité” 

A l’occasion des journées parlementaires de l’énergie et à la veille du Conseil énergie, le président de l’Union française de l’électricité, Robert Durdilly, fait le point pour EurActiv.fr sur les grands chantiers de l’Europe de l’énergie.
EurActiv.fr
: Le Conseil énergie du 10 octobre devrait aborder la question de la séparation patrimoniale (unbundling) des grands opérateurs historiques à laquelle le parlement européen est favorable pour l’électricité. Pensez-vous que la 3ème voie prônée par la France ait un avenir?
Robert Durdilly: Il y a une vraie demande française. Les électriciens français soutiennent la demande française de 3ème voie. On sent que la Commission est très réticente à l’accorder. Mais en principe, au Conseil, c’est acté.

Par la suite, c’est sur les modalités que la négociation peut porter. Et il peut y avoir pas mal de solutions. En tous cas, selon nous, l’unbundling complet tel qu’il est demandé n’est pas la réponse au renforcement de l’intégration du marché européen de l’énergie. Selon nous, les vraies réponses se situent du côté de l’indépendance des régulateurs. Le régulateur français est aujourd’hui celui qui a les plus grands pouvoirs. Ce serait bien que les régulateurs nationaux en Europe soient dans la même situation et aient notamment la capacité d’approuver les plans d’investissement qui sont quand même les clés de l’avenir des réseaux. La deuxième clé de réussite est la question de l’interconnexion et de la constitution du marché par plaque régionale.

Les discussions avancent à ce sujet. L’accord entre la France et l’Espagne en est un exemple…

Oui. Mais cet accord montre surtout la nécessité de construire les réseaux.

Et c’est encore insuffisant. Nous aurons toujours à gérer une pénurie de capacité d’interconnexion. C’est pourquoi, pour faire fonctionner le marché, il faut mettre en place des couplages. C’est déjà en partie la cas. L’initiative pentalatérale du centre ouest européen et dans laquelle la France, la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et les Pays-Bas sont impliqués illustre la marche à suivre pour assurer une vrai fluidité du marché et un couplage entre les bourses.

La France se trouve à l’intersection de plusieurs plaques régionales. Elle a donc un rôle vraiment privilégié.

La Commission prévoit un certain nombre de dispositions dans son paquet pour renforcer les interconnexions. Les textes vont-ils suffisamment loin?

Oui, mais je pense qu’il y a une insuffisance de procédure européenne pour les interconnexions.

Certains disent que le manque d’investissement des transporteurs est lié à l’absence d’unbundling. C’est méconnaitre profondément la réalité des choses dans ce domaine là. Il y a une vraie volonté du côté des gestionnaires de réseau de transport, on le voit bien en France avec RTE qui met en place des projets pour développer les interconnexions. La question n’est donc pas de savoir qui est le propriétaire. Quel que soit le propriétaire des réseaux on aura des difficultés à construire des lignes d’interconnexion. Il faut une volonté politique qui s’est incarnée dans la ligne franco-espagnole mais pas seulement. Cette volonté politique doit être incarnée par des procédures qui pourront ensuite être invoquées.

Avez-vous l’impression que les positions en Europe sur le nucléaire évoluent?

On peut dire de manière très nette qu’il y a une évolution dans le monde. Beaucoup de pays s’y engagent. En Europe, sur les 27, 19 pays sont engagés d’une manière ou d’une autre dans le nucléaire et on voit bien que certains pays se posent beaucoup de questions sur ce sujet. Ils seront amenés à bouger étant donné les législations sur la diminution des gaz à effet de serre. C’est notamment le cas de l’Allemagne.

La question du mix énergétique est discutée en ce moment au Parlement européen. Quel est le bon mix énergétique pour l’Europe?

L’électricité a déjà un rôle extrêmement important dans le mix énergétique, parce qu’on veut aller vers un mix énergétique le plus faiblement carboné possible. De ce point de vue là, la France est déjà très bien placée pour le nucléaire et l’hydraulique. La part résiduelle de production qui émet du gaz à effet de serre est centralisée. A terme, elle pourra donc grâce à la capture du carbone être également très peu émettrice de CO2.
Des mouvements sont en train de s’opérer d’un usage d’énergie carbonée vers de l’électricité non carbonée. Il y a deux exemples majeurs de ces mouvements. Le premier est l’apparition de véhicules électriques ou hybrides ou hybri-rechargeables. On est rentré dans une aire industrielle de cette utilisation. Cela prendra quelques années mais, en fonction des scénarios, cette part d’énergie qui sera transférée du pétrole vers l’électricité sera importante.

Le captage de CO2 est aujourd’hui une technologie controversée, notamment à cause de son coût…

Comme toute nouvelle filière qui n’est pas encore à maturité industrielle, il y a un temps de développement, de recherche, pour arriver à le rendre à maturité industrielle. Cela dit, les techniques de stockage existent, tout comme les techniques de captation. Il faut simplement les rendre robustes et à un niveau de coût supportable. Il n’y a pas de craintes sur nos capacités technologiques à les réaliser. Après c’est plutôt une mise au point dans des conditions économiques acceptables.

L’Europe libéralise, la France a toujours ses tarifs réglementés. Cette situation est-elle normale? Et quelle sera l’évolution dans ce domaine là?

Comment peut-on faire cohabiter des tarifs réglementés avec un marché ouvert à la concurrence. C’est la vraie question. Le fait de maintenir les tarifs réglementés est d’abord une position politique. Ce que nous disons en tant qu’électricien est que les choses doivent être calées de manière à ce que le système soit compatible avec un marché ouvert à la concurrence. En particulier que le niveau des prix du tarif permettent de faire face au besoin d’investissement pour l’avenir parce que nous avons devant nous des investissements considérables. En France, comme au niveau européen et au niveau mondial.

Nous avons vécu trop longtemps dans l’idée que nous étions en surabondance d’électricité et qu’il n’y avait pas de problèmes. On voit aujourd’hui des signes manifestes que les marchés sont considérablement restreints et qu’on pourrait se retrouver dans des difficultés dans un avenir pas si lointain. Les acteurs économiques vont devoir faire des investissements. Les niveaux de prix doivent donc être à un niveau suffisant pour y parvenir. Nous n’y sommes pas encore même si le dernier mouvement tarifaire qui a eu lieu cet été va dans le bon sens.
Le 2ème problème est un problème de structure avec les tarifs d’utilisation des réseaux. Il y a d’une part les tarifs réglementés, qui englobent fourniture, production et réseau. Il y a d’autres part un TURP, (tarif d’utilisation des réseaux) qui lui s’applique pour tous les clients qu’ils soient soumis au tarif réglementé ou pas. La structure du TURP est ainsi faite que pour certains clients (pratiquement plus de deux millions en France), la part énergie est négative. En un mot, comme les tarifs réglementés peuvent eux être régulés dans l’année et que ce tarif d’utilisation des réseaux ne l’est pas, certains clients rencontrent des problèmes d’utilisation et se trouvent dans des situations où ils n’ont absolument pas intérêt à quitter les tarifs pour aller vers la concurrence.

Il faut donc, d’une part, essayer de découpler le TURP et la part énergie des tarifs régulés. Il faut en outre faire évoluer la structure du TURP de manière à supprimer ces trappes, ces niches tarifaires qui sont un frein à leur concurrence.
Pour les tarifs réglementés il faudra passer par une solution de transition, négociée avec le niveau européen. Sans maintenir un système qui pour l’essentiel aujourd’hui est régulé.

Présentation de l’UFE
Présentation de l'UFE

L’Union Française de l’Électricité (UFE) est l’association professionnelle du secteur de l’électricité. Elle représente les entreprises de l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur électrique français : producteurs, gestionnaires de réseaux, fournisseurs d’électricité et de services d’efficacité énergétique, en passant par les opérateurs de stockage et des effacements, et du pilotage des consommations.

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