10 mars 2013
Les vrais enjeux de la Transition énergétique
Edito: 11 mars 2013
Alors que l’Europe se cherche, avec plus ou moins de bonheur, un nouveau mix énergétique – plus «vert», pas cher, et qui fonctionne! – la France débat autour de sa propre transition. Si l’on refuse la dimension «changement de société » que certains voudraient considérer comme véritable objectif du Débat National sur la Transition Energétique (DNTE), l’exercice s’avère complexe parce que, sur le fond, il faut trouver le bon compromis, à long terme, entre trois grands enjeuxliés : climatique, industriel, économique. Qualité et pertinence du compromis seront donc extrêmement importantes pour l’avenir du pays…
La transition énergétique ne peut être un débat sur un changement de société, comme le voudraient certaines ONG. Celui-ci relève clairement d’un débat collectif au travers des instances de la démocratie représentative. La transition énergétique doit avoir comme objet premier la lutte contre le changement climatique. N’oublions pas, en effet, que grâce à son parc de production électrique d’origine hydro-nucléaire, la France bénéficie d’un avantage compétitif par rapport à ses voisins. Actuellement, le système électrique français dispose d’un très bon bilan CO2: pour produire 1 MWh d’électricité, la France émet 4 fois moins de CO2 que la moyenne européenne. Pour produire une unité de PIB, la France émet deux fois moins de CO2 que l’Allemagne.
Préserver et améliorer notre bon bilan carbone
C’est pourquoi il est essentiel de le redire clairement: la France n’est pas en retard. Elle est même en avance sur le plan de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, en Europe en général, et par rapport à l’Allemagne en particulier, que certains voudraient élever au rang d’exemple. D’ailleurs, l’étude Accenture classe le système énergétique de la France parmi les meilleurs du monde, au 3ème rang! L’objectif de la transition énergétique doit être de préserver et d’amplifier cet avantage compétitif de la France en matière de lutte contre le changement climatique. Le bilan carbone doit rester un critère important de la transition énergétique. A ce titre, on peut être surpris, par exemple, de l’accent mis sur le bâtiment (chauffage et eau chaude) dans le DNTE, par rapport au transport: tous deux pèsent environ 32% de la consommation énergétique française, mais le transport, lui, pèse pour 40% des émissions de CO2, soit près de 10 points de plus que le logement. Si l’on regarde les importations de pétrole, responsables à 80% du déficit énergétique de la France (70Md€ en 2012), 60% sont liées au transport, contre 15% au logement…
Placer la question industrielle au cœur du débat
L’actualité est là pour nous le rappeler chaque jour: notre industrie tricolore est en plein déclin. Ici, la comparaison France / Allemagne est terrible, malheureusement. Globalement, sur les 30 dernières années, l’industrie française a perdu 2 millions d’emplois. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 17 % en 1975, à 13,5% en 2012 (25% en Allemagne!). Dans le secteur énergétique, la consommation finale d’électricité dans l’industrie a chuté de 12% en 2009, soit 15,7 TWh, du fait de la crise. Depuis lors, seuls 4TWhont pu être regagnés! La création d’un ministère du Redressement productif est signe de l’importance politique et stratégique de cet enjeu pour la France. Pourtant, certains scénarios énergétiques proposés dans le cadre du Débat se fondent sur une logique de décroissance, avec une division par deux de la part de l’activité industrielle à terme. Or, énergie et industries sont étroitement liées. Sur le plan industriel, de nombreuses études, dont l’étude Accenture dans son volet compétitivité énergétique, montrent que l’électricité est un facteur de compétitivité important pour notre industrie. La question de la reprise de la consommation industrielle d’énergie ne peut donc être éludée. Ni celle de l’impact en termes de prix de l’énergie sur l’économie en général, et sur l’industrie en particulier. Ces questions sont centrales pour l’avenir de la France. Elles ne sont pas posées clairement dans le Débat: admet-on, implicitement, que la croissance et l’industrie sont derrière nous?
Penser globalement la question économique
Cette question aussi est cruciale, car la transition énergétique doit être facteur de relance économique, et non pas facteur de décroissance; tout le monde, ou presque, en convient. Et là, les raisonnements sectoriels ne sont pas de mise… Il faut penser globalement et évaluer l’impact de la transition énergétique sur l’ensemble de l’économie. Les modélisations macroéconomiques (UFE, Conseil d’Analyse Stratégique), montrent l’impact négatif, au-delà d’une dizaine d’années, d’une transition trop rapide, mal conçue industriellement, uniquement fondée sur une réduction de la part du nucléaire avec, en relais, un essor des énergies renouvelables non appuyé sur le développement de filières de fabrication industrielle françaises. L’augmentation du prix de l’électricité, l’accroissement des charges des entreprises et des ménages, le fort creusement du déficit commercial, conduisent inéluctablement, à horizon 2020-2030, à une perte de compétitivité de l’économie, à une destruction importante et durable d’emplois en France, à une augmentation nette de l’endettement du pays. Des critères économiques et industriels rigoureux sont donc indispensables dans la transition énergétique: diminuer l’endettement net de la France, développer la compétitivité et le poids de l’industrie, relancer la croissance du PIB, développer l’emploi global. Compte tenu de son avance dans le domaine climatique, la France a le temps de se doter d’une stratégie industrielle globale qui optimise tous ces facteurs: là devrait être le vrai débat!
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observatoire-electrique.frPrésentation de l'UFE
L’Union Française de l’Électricité (UFE) est l’association professionnelle du secteur de l’électricité. Elle représente les entreprises de l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur électrique français : producteurs, gestionnaires de réseaux, fournisseurs d’électricité et de services d’efficacité énergétique, en passant par les opérateurs de stockage et des effacements, et du pilotage des consommations.
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