13 octobre 2014
PLTE : qui trop embrasse, mal étreint
Demain, les députés doivent adopter le projet de loi sur la transition énergétique. La semaine dernière, pas moins de neuf séances auront été nécessaires pour adopter le seul Article 1er, révélant beaucoup de tensions autour de la définition des enjeux fondamentaux. Le plus dommageable dans l’affaire est qu’au final, au lieu de recentrer les objectifs autour de la cible prioritaire qu’est la lutte contre le dérèglement climatique et la réduction drastique des émissions de carbone, le texte est désormais passé à une multitude d’objectifs. Or, comme l’ont souligné certains députés, « trop d’objectifs tuent l’objectif ». A trop se disperser, c’est carrément la réussite même de la transition énergétique que l’on risque de compromettre…
Déjà, jeudi dernier, l’UFE contestait la pertinence d’inclure un objectif intermédiaire, en 2030, de -20% des consommations d’énergie par rapport à 2012. Une décision purement politique qui, d’ores et déjà, ne centre plus la Stratégie Bas Carbone exclusivement sur la lutte contre les émissions de CO2 alors que cela devrait pourtant être la priorité de la transition énergétique.
Toujours les mêmes écueils
Mais entre les déclarations d’intention et la réalité, quel hiatus ! On en revient toujours aux mêmes écueils et à l’opposition stérile entre moyens de production. Là encore, puisque l’ambition affichée est climatique, dans quelle mesure l’objectif de 50% de nucléaire et le plafonnement de sa production sont-ils corrélés à cette démarche ? En fait, alors que la France devrait être fière de son avance en matière de faible niveau d’émissions de CO2, elle a le nucléaire honteux. Surtout, on en arrive à opposer les sources d’énergies décarbonées entre elles alors même que, comme le souligne l’AIE, toutes ont leur place pour précisément poursuivre plus encore la décarbonation de l’économie. C’est en entretenant de tels clivages que la France risque, non seulement de passer à côté de sa transition énergétique, mais aussi d’affaiblir sa position au sein des négociations climatiques européennes et internationales face à d’autres pays qui, pourtant bien moins vertueux sur le plan des émissions de gaz à effet de serre, prennent le leadership. En ce sens, on ne peut que regretter l’absence dans les débats français de toute référence à la dimension européenne Alors que les négociations se poursuivent à Bruxelles pour définir le nouveau cadre « Energie-Climat 2030 », notre pays fait fi de cet environnement. Pourtant dans le partage de la charge entre tous les Etats il serait nécessaire de bien prendre en compte la situation de chacun et les efforts déjà réalisés. Avec l’articulation actuelle de son projet de loi, la France en arrive à véhiculer un message paradoxal : au lieu de valoriser notre bon bilan carbone auprès des autres pays, on se positionne comme …un mauvais élève !
On se trompe de combat
Enfin, il est franchement dommage que toute référence à un paramètre fondamental en économie ait disparu : désormais nulle part il n’est fait référence à la notion d’intensité énergétique, c’est-à-dire lorsqu’on produit plus avec moins d’énergie. Au contraire, tout le raisonnement du projet de loi est axé sur la réduction des consommations d’énergie en tant que telles, ce qui qui ne peut être un but en soi, en particulier face à la croissance démographique et, espérons-le, la reprise économique. Là encore, on part sur de mauvaises bases, qui plus est, culpabilisantes : consommer devient « mal » alors que c’est la réduction de la demande en pétrole qui doit être le cœur d’une vraie transition énergétique, parce que c’est elle qui plombe notre facture énergétique et qui est responsable de plus de 60% de nos émissions de gaz à effet de serre énergétiques. Nous devrions, au contraire, poursuivre l’amélioration de notre intensité énergétique en encourageant le progrès technique car, en économie, il y a un cercle vertueux : plus la croissance économique est au rendez-vous, et plus l’intensité énergétique progresse au travers des innovations technologiques qui émergent grâce aux capacités d’investissement des entreprises et des ménages. L’inverse ne s’est jamais produit : quand les caisses et les portefeuilles sont vides, malheureusement…on stagne.
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L’Union Française de l’Électricité (UFE) est l’association professionnelle du secteur de l’électricité. Elle représente les entreprises de l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur électrique français : producteurs, gestionnaires de réseaux, fournisseurs d’électricité et de services d’efficacité énergétique, en passant par les opérateurs de stockage et des effacements, et du pilotage des consommations.
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