Colloque UFE : Conjuguons nos forces pour une électricité décarbonnée et numérique

Le Colloque de l’UFE, qui s’est tenu jeudi dernier, aura été une édition sous le signe de la croissance et de l’innovation. A la veille de la COP 21, ce rendez-vous annuel de la profession aura rassemblé un parterre d’intervenants de haut niveau et montré la mobilisation de tous pour construire le système électrique de demain : un système décarbonné et digitalisé qui assure à tous un approvisionnement en électricité sûr et compétitif…

Comme l’a rappelé Ségolène ROYAL lors de son discours d’ouverture, le 21ème siècle est celui de l’ « après-pétrole ». Il est celui d’une prise de conscience planétaire de l’enjeu du dérèglement climatique. La décarbonation du système énergétique est un défi majeur.
La France, dont le mix électrique est déjà largement décarbonné grâce à son parc hydro-nucléaire, dispose d’une avance certaine. Mais, pour autant, il est nécessaire d’aller plus loin pour pérenniser cet avantage, en faisant de l’industrie électrique de demain « l’industrie-clef du bas carbone », comme l’a appelé de ses vœux Laurent FABIUS dans son allocution de début d’après-midi.

Tous mobilisé : des territoires…

Pour parvenir à relever ce défi, il s’agit de mobiliser l’ensemble des échelons géographiques. Les territoires, par les nouvelles attributions que leur confie la loi et par leur rôle dans l’intégration des modes de production décentralisés, seront des acteurs incontournables. D’ailleurs, les débats ont montré la richesse des expérimentations en cours. Christophe de MAISTRE, Président de SIEMENS France a démontré l’incroyable potentiel de ré-industrialisation pour les territoires que recèle, grâce à la combinaison « électricité-digitalisation-innovation », l’usine du futur, la fameuse « usine 4.0 ». Mais d’autres innovations sont elles-aussi d’ores et déjà en mouvement, que ce soit sur le pilotage du réseau ferré du Grand Paris Express pour réaliser des économies d’énergie, ou sur le déploiement du plus important démonstrateur européen de Smart Grids en Vendée. Dans ce nouvel équilibre, il a également été rappelé que les opérateurs de réseaux seront des partenaires essentiels. A la fois facilitateurs d’intégration des nouvelles technologies d’énergie renouvelable ou de stockage mais également garants de la solidarité entre tous les utilisateurs qu’ils soient consommateurs, producteurs et désormais auto-producteurs.

… jusqu’à l’échelon européen

La présence et les interventions de Maros SEFCOVIC, Vice-président l’Union de l’énergie et du Député Européen Dominique RIQUET ont, par ailleurs, marqué l’engagement de l’Union européenne à faire de l’électricité l’énergie de l’innovation et de la croissance bas-carbone. Au-delà de la fixation d’objectifs ambitieux par la Commission européenne en matière notamment de CO2, d’ENR ou d’efficacité énergétique, les échanges tout au long de la journée ont porté sur la nécessité de mettre en œuvre des outils efficaces pour les atteindre : que ce soit au niveau du prix du carbone avec l’urgence de réformer le mécanisme ETS et même d’envisager, comme proposé par Ségolène ROYAL, un prix plancher du quota pour le secteur électrique, ou de pousser une nouvelle organisation du marché de l’électricité pour relever les nouveaux défis de sécurité d’approvisionnement électrique. Sur ce point, les résultats de l’étude UFE-BDEW montrent bien la nécessité d’une coopération européenne pour atteindre, au meilleur coût, un système électrique performant et sûr.

Coopération industrielle au bénéfice du consommateur

L’électricité étant au cœur de la nouvelle économie numérique, la France et sa filière électrique d’excellence ont tous les atouts pour tirer profit des innovations qui connectent et apportent de l’intelligence à l’ensemble de la chaine de valeur du secteur : un savoir-faire technique reconnu, de grands et petits équipementiers, un système électrique décarboné et fiable.
Toutefois, plusieurs participants l’ont affirmé, saisir les opportunités qu’offre la transformation numérique ne pourra se faire que dans une logique de partenariat « gagnant-gagnant » entre grands groupes et PME. Plus encore, comme l’a souligné Jean-Bernard LEVY, la France doit aussi s’inspirer d’exemples comme GOOGLE qui sait particulièrement bien tirer parti de l’effervescence inventive des startups pour développer des innovations dans une approche partenariale intéressante.
Le débat en clôture de journée entre Jean-Bernard LEVY, Président d’EDF, et Nick LEEDER, Directeur Général de GOOGLE, l’a d’ailleurs fort bien révélé : le nerf de la guerre reste la capacité des entreprises à innover, encore et toujours, pour faire la différence. Tout particulièrement pour rester en capacité de répondre aux attentes du consommateur par des services innovants pour lui permettre de mieux consommer et d’accéder à plus de confort. Car, comme dans de nombreux secteurs, à l’aval, c’est bien la maitrise de la relation avec le client qui sera, demain, l’enjeu concurrentiel central entre les acteurs.